L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.
Les énergies fossiles jouent un rôle essentiel dans le réchauffement climatique. Rapport après rapport, des organismes à l’autorité incontestable appellent à l’arrêt de leur exploitation. Des collectifs politiques et financiers pressent par toutes sortes de moyens les acteurs de leur extraction et de leur consommation pour que cet arrêt soit imposé le plus rapidement possible et par des mesures très contraignantes, voire brutales. Dans quelle mesure ces injonctions, audibles dans leur principe, sont-elles réalistes et comment les traduire en actes concrets crédibles si l’on fait de la sauvegarde de l’homme une priorité absolue ? C’est plus compliqué que ça en a l’air, car, dans les faits, c’est un très grand tournant qu’il faut prendre, auquel les contextes de la production et de la consommation opposent de solides points durs.
Réduire la production de pétrole et de gaz ?
On peut très bien se donner pour objectif de ramener à presque rien la production de pétrole et de gaz. Pour le pétrole, on peut penser, avec les spécialistes du peak oil, que les réserves en place sont si peu abondantes qu’elles entraîneront de facto la baisse de la production. Mais les ressources sont encore là et cela pourrait demander du temps. Pour le gaz, c’est plus compliqué parce que les réserves sont beaucoup plus fournies et que son poids dans les émissions est moindre que celui du pétrole.
Cela dit, il faut d’abord avoir en tête les mesures et les réalités de ce dont on parle. D’abord comment se distribuent les sources d’énergie primaire dans le monde en 2020 ? Pétrole 31 %, charbon 27 et gaz naturel 25 ; soit en tout 83%. C’est donc une révolution gigantesque qu’il faut faire si on veut les ramener à presque rien ; il est illusoire de penser que ce sera l’affaire de deux ou trois décennies. D’autant que ce total monte à 91,5% pour l’Afrique et 87% pour l’Asie-Pacifique (dont 50% pour le seul charbon), les deux-tiers de la population mondiale, et que, en quantité, ces trois ressources sont en augmentation entre 2009 et 2019. Et encore, dans cette approche, on ne tient pas compte de la biomasse, très importante pour ces zones où elle dépasse souvent 60% de l’énergie consommée, et qui contribue aux dommages faits aux forêts, c’est-à-dire aux puits de carbone, tant qu’on ne l’a pas construite sur une dynamique renouvelable. Ces consommations énergétiques s’accompagnent d’un système constituant de facto un réservoir d’inerties multiples qui sont autant d’obstacles à la réduction de leur utilisation.
Ensuite, il faut comprendre comment cela se passe pour les pays producteurs de ces deux énergies fossiles, en particulier pour les pays peuplés « en développement ». Parmi ces derniers, la part du pétrole et du gaz dans l’économie du pays est telle qu’un objectif de contraction ambitieux dans son calendrier entraînera des bouleversements potentiellement porteurs de risques politiques, économiques et sociaux. Pour les pays en développement peuplés gros producteurs de gaz et de pétrole (Iran, Angola, Nigeria, Irak, Égypte, …), le secteur industriel s’est souvent développé autour du pétrole et du gaz, en particulier à la faveur de ce qu’on appelle le local content, qui a amené les multinationales à sous-traiter une toujours plus grande partie de leurs activités à des sociétés locales. Ainsi, la réduction de l’extraction et du traitement de ces énergies contraindra, dans la mesure du possible, ces sociétés à une évolution vers d’autres métiers.
Plus important, dans les pays en développement, le secteur pétro-gazier et les industries qui s’y rattachent offrent une valeur ajoutée nettement supérieure aux autres activités (agriculture ou services). Cela entraîne pour le pays des recettes fiscales et des revenus d’exportation sans lesquels l’équation budgétaire deviendrait compliquée. Ces budgets sont utiles pour développer des infrastructures de base (électricité et transports) souvent encore minimalistes. Or, sans ces infrastructures, et, même si une classe d’entrepreneurs volontaristes se révèle prometteuse, le développement économique et social rencontre des freins nombreux. Il se trouve aussi que certains de ces pays (Irak, Égypte, Nigeria, …) sont confrontés à une violence interne ou venue de l’extérieur qui implique la mise à niveau de forces de défense et de sécurité qui pèse sur le budget. Dans un contexte où la paix est peu sûre et le développement économique incertain, les populations sont poussées vers l’émigration, ce qui pose des problèmes auxquels la communauté internationale ne trouve pas de solution.
Reste un cas sur lequel un changement est attendu, celui des pays avancés producteurs de pétrole et gaz (sans parler du charbon), au premier rang desquels les États-Unis, mais aussi le Canada, la Grande-Bretagne, … Ces pays ont les conditions naturelles, les savoirs technologiques et les ressources financières pour mettre rapidement en place les substitutions efficaces. Ils ont un rôle de trendsetter à jouer ; ils n’avancent sans doute pas assez vite. Mais, pour eux comme pour tous les autres pays, la production de pétrole et de gaz dépend de la demande, qui, elle aussi, oppose de fortes résistances.
Réduire la consommation de pétrole et de gaz ?
La réduction parallèle de la consommation de charbon, pétrole et gaz n’est pas réaliste. Beaucoup de pays misent sur le gaz pour opérer la première phase de la transition énergétique qui, pour eux, cible la réduction de la part du charbon en particulier dans la production électrique. Non prioritaire, mais indispensable, la réduction drastique du pétrole et du gaz, elle-même, se heurte à de solides obstacles.
Contraintes sur les usages et les besoins
Production électrique, chauffage
Le développement de l’électricité est l’objectif prioritaire pour aller vers un monde plus équipé en énergie et beaucoup moins polluant. En 2020, pour le monde entier, l’électricité est produite à partir des énergies fossiles (hors nucléaire) à hauteur de 61,3% (2019 : 62,8%). Le charbon est de loin le plus gros contributeur (35%). Pour les pays de l’OCDE, la part des fossiles est de 51,3% et le gaz est de loin la source principale (32%, charbon : 20%). A l’opposé, pour les pays non-OCDE, les fossiles pèsent pour 68,2% dans la production électrique, dont le charbon 46%.
Le charbon est de loin la source la plus polluante. Il est, de plus, encore beaucoup utilisé pour le chauffage domestique et l’alimentation énergétique de la production industrielle (sidérurgie, cimenteries, …). Sa présence, assez bien distribuée sur la planète, facilite son usage. En d’autres termes, la réduction des usages du charbon est la priorité, mais on voit bien qu’en raison des inerties existantes, en particulier la nécessité de remplacer les quelque six mille centrales au charbon en activité dans le monde, le chemin sera long. Le dernier rapport de l’AIE présente l’évolution des renouvelables en des termes optimistes, indiquant que d’ici à 2026 les capacités nouvelles de production de ces sources d’électricité seront équivalentes aux capacités actuelles des autres sources fossiles, nucléaire compris. Mais l’examen des chiffres est moins convaincant : entre 2018 et 2019, la capacité mondiale (en TWh) a progressé de 352 TWh, celle des énergies renouvelables de 389. En d’autres termes, les énergies renouvelables, dont la part dans l’électricité mondiale n’est encore que de 12%, couvrent à peine plus que la croissance annuelle du parc (dans lequel baisse la part du pétrole (-7%) et du charbon (-2,6%), mais augmente celle du gaz (+3,6%).
Le pétrole est lui aussi un fort émetteur de gaz nocifs, mais il n’entre qu’à hauteur de 3,5% dans la production électrique. Le fuel oil, très polluant, peut remplacer le charbon dans le chauffage et quelques usages industriels ; il représente 7% de la consommation mondiale de produits pétroliers (3% en OCDE, 13 en dehors). Sa réduction est nettement plus rapide dans les pays OCDE que dans les autres, mais à l’échelle mondiale, elle est sensible (-7% entre 2018 et 2019).
Le transport
Si le pétrole est peu contributeur de la production électrique, à l’inverse il est archidominant dans les transports. La part du parc mondial des transports assurée par une autre énergie est très faible : entre 1 et 2% pour l’automobile, entre 0 et 1% pour le transport aérien et le transport maritime. Mais la baisse de la consommation de pétrole est envisageable par la combinaison de plusieurs solutions : baisse de la demande, comme on peut le voir avec la réduction de la place de la voiture individuelle, surtout dans les pays avancés, ralentissement de la vitesse (véhicules routiers, navires), baisse de la consommation unitaire (tous transports), mutation vers d’autres sources d’énergie. La source la plus recherchée est l’électricité ; elle se heurte à des obstacles sérieux à l’échelle de la planète : la disponibilité de l’électricité de secteur, le nombre et la puissance des recharges électriques des véhicules, l’offre de batteries et leur traitement en fin de vie, … Comme autres sources, le gaz naturel, qui progresse dans les transports maritimes, et l’hydrogène, pas encore au stade industriel. Il ne faut pas se raconter d’histoires, toutes ces pistes ont une pénétration lente, malgré les efforts engagés par les États et les industriels.
La pétrochimie
Il y a une certaine ambiguïté pour savoir si on vise à réduire seulement les énergies fossiles ou plus largement l’extraction des matières fossiles. Certains évoquent en effet la fin du pétrole et du gaz (sans parler du charbon). Or cette question n’est pas mineure. En effet, les dérivés du pétrole (à un niveau bien moindre, du gaz et du charbon) sont présents dans la très grande majorité des produits consommés dans le monde (emballages, vêtements, logement, informatique et communications, voitures, …). Les remplacer par d’autres matières premières pose des problèmes complexes de disponibilité, d’arbitrage des usages et d’affectation des sols, de prix, de qualité, de modes de production, …
Or la demande de ces produits est en croissance. L’AIE considère même que 50% des besoins supplémentaires en pétrole entre 2018 et 2050 viendront de la pétrochimie.
Le poids des investissements
On pourrait imaginer que le pétrole et le gaz ne soient produits que pour satisfaire ces besoins-là. Mais cela poserait d’autres problèmes. Des problèmes techniques parce que la pétrochimie est déployée à partir des coupes légères, qui représentent entre 20 et 25% des productions des raffineries ; quel usage alors des coupes plus lourdes si on décide de ne plus produire des gasoils ou du kérosène, sans parler des bitumes ? Le manque de perspectives à long terme des coupes lourdes implique la renonciation à l’extraction des pétroles dits lourds (Canada, Venezuela, …).
Mais aussi des problèmes financiers. D’abord en raison du coût des installations, car l’amortissement des investissements pétroliers et gaziers se fait sur durée longue, voire très longue. Ensuite, la recherche des substitutions pour les autres sources d’énergie sans parler de tous les produits de la vie quotidienne exige des efforts de recherche-développement et des investissements de production et de distribution qui représentent des volumes financiers massifs. Il faut donc dégager ces ressources.
A titre d’illustration, des études préparatoires à la COP 26 estimaient que l’objectif de limiter à 1,5° le réchauffement climatique d’ici 2050 et atteindre la neutralité carbone nécessitait 6 900 milliards de dollars par an d’ici 2030, dont la moitié pour le seul secteur énergétique. Imaginons ce que cela représente s’il faut en plus trouver des substitutions non pétrolières à tous les produits de la vie courante. Il faut donc continuer à extraire du pétrole et du gaz pour la pétrochimie ; mais comment cette production est-elle financièrement concevable si la pétrochimie en est le seul débouché ? A court et moyen terme il y a là un point dur.
La difficile question des taxes
Il y a encore une autre contrainte. Comme on le sait, le pétrole et le gaz sont amplement taxés. Les pays producteurs exercent des prélèvements élevés (royalties, droits de permis, bonus, taxes diverses pour l’éducation ou la recherche, …). C’est ce qui explique pourquoi le pétrole et le gaz sont tellement indispensables à leur budget. Mais le pétrole est aussi taxé par les pays consommateurs. En France, par exemple, le pétrole est assujetti à la TVA (20%) et à la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP). La seule TIPP rapporte 31 G€ à l’État, l’équivalent, à peu de choses près, du budget de la Défense nationale. On pourrait y ajouter la taxe carbone dont le montant s’élève année après année. Et aussi des taxes à l’échelon local. Tout cela pour dire que le renoncement au pétrole et au gaz implique de trouver aussi des substitutions à ces taxes sans lesquelles une partie importante des missions de l’État ne peuvent être menées à bien.
La piste de la hausse des prix de l’énergie
On pourrait imaginer alors de transférer l’équivalent de ces taxes sur l’électricité. Mais, premièrement, l’électricité est déjà très taxée en France et dans beaucoup de pays. Deuxièmement, la transition énergétique vers les renouvelables a été rendue possible par des subventions ; l’équilibre financier des installations a été précaire, il s’améliore. La hausse des prix qu’entraînerait une hausse des taxes aurait un impact négatif sur la demande et fragiliserait les porteurs de projets. Tertio, la hausse des prix de l’électricité augmenterait le nombre des consommateurs précaires (en France environ 18% de la population). Enfin, des prix plus élevés de l’énergie entraînent des prix plus élevés des produits et des services et peuvent peser sur la prospérité économique d’un pays. Tout ceci pour dire que cette piste requiert une prudence de sioux et un courage politique à toute épreuve.
Alors que faire pour une transition énergétique crédible ?
Parvenus à ce point de l’exposé, plusieurs conclusions immédiates s’imposent. Tout d’abord, le chemin de la transition énergétique sera long et très progressif. Nous devons nous préparer à entendre longtemps des injonctions à agir avec précipitation tant l’urgence devient de plus en plus pressante ; celles-ci viennent et continueront d’émaner d’organisations que motivent des postulats louables, mais souvent décalés par rapport aux réalités. En particulier, ces appels stigmatisent les responsables des pays avancés, alors que l’on voit bien que l’essentiel des problèmes se situent dans les pays hors OCDE. Pourtant, si l’on est vraiment soucieux de la famille humaine et de son avenir en accord avec son environnement, il faut trouver des moyens d’aller de l’avant sans traîner. Dans quelles directions progresser ?
La recherche de la paix, condition majeure de la réussite ?
On voit que beaucoup de pays non OCDE consacrent une part non négligeable de leur budget aux dépenses militaires. On voit aussi que ces dépenses peuvent être très élevées dans des pays gros producteurs de pétrole et de gaz (États-Unis, Russie, Chine, Arabie saoudite, Iran, …). La baisse de la violence politique et sociale peut avoir plusieurs impacts positifs sur la transition énergétique : éviter les destructions et les pertes de production ; permettre d’affecter des ressources budgétaires à la modernisation énergétique, consacrer une partie des dépenses militaires (2000 G$ par an dans le monde) au développement de l’énergie propre, … C’est une piste à mieux explorer.
Une large coopération internationale
La recherche de la paix peut avancer à la faveur des coopérations internationales. Les pays non-OCDE ont un double besoin : faire accéder le plus grand nombre de leurs habitants à l’électricité et réduire les consommations les plus nocives (charbon, fioul, biomasse). Beaucoup (pas la Chine ni la Russie) n’en ont pas les moyens. Les pays de l’OCDE expérimentent des solutions et des pratiques innovantes dans des directions très diverses : faciliter leur mise en œuvre dans les pays les plus démunis ou le plus exposés ne devrait pas être hors de portée. Mais, quelles que soient les pistes envisagées, elles supposent un généreux programme d’aide au développement de la part des pays riches, avec des arbitrages, éventuellement au détriment d’autres cibles : armements, santé, infrastructures, … ?
Privilégier ce qui a le plus d’impact
Le bon sens veut que l’on mette prioritairement l’accent sur ce qui apportera le plus vite des résultats importants. Cela signifie que le premier effort doit porter sur la réduction de la part du charbon et du fioul dans le bilan mondial par la suppression volontariste des centrales électriques. Le charbon, dont l’extraction cause aussi beaucoup d’accidents mortels, est responsable de 72% des émissions de CO2 dans le monde. De plus, le transport du charbon par trains ou bateaux entiers vers des territoires éloignés induit un système dont l’efficacité énergétique est souvent faible. S’affranchir au plus vite du charbon est donc la priorité absolue, vers laquelle des investissements massifs devraient être orientés pour limiter les besoins par le remplacement des équipements fonctionnant au charbon (chauffage, sites industriels, navires, locomotives, …) et diffuser les procédés de charbon propre et de capture du CO2, … Les réseaux de transport de l’électricité représentent souvent, notamment dans les pays en développement, des pertes très importantes ; les renouvelables, qui permettent de rapprocher la production de la distribution, ont un rôle à jouer, même s’ils ont des limites.
Favoriser une société qui fonctionne mieux à moins cher
L’énergie étant nécessaire à toutes les activités, un objectif de réduction de la consommation implique de baisser globalement l’intensité énergétique ; on s’y emploie depuis longtemps dans beaucoup de pays, avec des programmes divers, souvent aidés (isolation thermique, promotion du vélo, circuits courts, recyclage, partage, …), avec un volontarisme variable. Mais on peut aussi baisser l’activité tout court par le choix d’une vie plus sobre, moins consommatrice en particulier de produits et services dans lesquels l’énergie pèse : tourisme, produits exotiques, … Peut-on envisager de taxer la publicité si elle oriente le consommateur vers des choix à fort coefficient énergétique ?
Investir massivement dans la recherche
C’est une évidence. On le fait. C’est rappelé ici pour mémoire. Néanmoins, la recherche est un processus long. La diffusion vers les pays pauvres des technologies qui ont fait leurs preuves peut-elle être accélérée et élargie ?
Mieux maîtriser la natalité
Et il y a une dimension démographique à cette question. Les pays en développement dont la population continue de croître rapidement et qui dépendent beaucoup du pétrole et du gaz ne peuvent pas contribuer à la réduction de ces deux énergies fossiles. Le cas de l’Algérie l’illustre clairement. Sur ces dix dernières années, sa population a augmenté de 22% ; la consommation de pétrole de 30% ; de gaz 80% ; et les émissions de GES de 55% ; l’indice structurel de fécondité est de l’ordre de 3 ; c’est un pays très dépendant de ses productions de pétrole et de gaz ; on peut bien le tanner pour qu’il les réduise à marche forcée : pour quel progrès ? Dans le sens inverse, une faible progression de la population (environ 2,5% sur dix ans) a joué dans la baisse de la consommation de fossiles en Europe. Même si certains démographes considèrent que les prévisions de population mondiale autour de 10 milliards d’habitants en 2100 ne se réaliseront pas et qu’il faut plutôt tabler sur 8, néanmoins, pour ce qui concerne la consommation d’énergies fossiles, la question est celle de l’évolution de cette population dans les pays à fort ISF, très consommateurs d’énergies fossiles, et accessoirement de biomasse. Les effets étant très longs à se matérialiser, il est nécessaire de favoriser au plus vite la baisse de l’accroissement naturel des populations dans ces pays en respectant des critères moralement exigeants. Là encore, la coopération internationale portant sur le partage des connaissances et des technologies qui favorisent le développement économique et social sur la base d’énergies plus propres est nécessaire.
La lutte contre le réchauffement climatique est un combat de très longue haleine. Il faut malheureusement en prendre acte. On peut bien « fouetter l’attelage » en adressant aux grands de ce monde des protestations indignées et des sommations radicales ; cela n’aide pas toujours à la compréhension des réalités. On aimerait plutôt que les très gros producteurs et consommateurs de charbon soient clairement mis devant leurs responsabilités, qu’ils appartiennent à l’OCDE (États-Unis, Australie, …) ou qu’ils n’en fassent pas partie (Chine, Russie, Inde, …). S’agissant du pétrole, il y a une progression, au moins dans les pays avancés, mais l’inertie est forte dans les autres pays et, globalement, les changements sont lents. La priorité est la fin de l’exploitation des pétroles « lourds ». Pour le reste, l’adaptation des besoins des transports ne peut être que progressive à l’échelle mondiale. Quant au gaz, son rôle paraît de moins en moins contestable pour remplacer le charbon et permettre une transition réaliste ; certains le considèrent comme un moindre mal. La réduction du poids des ressources fossiles est sans contestation un objectif nécessaire à la vie de nos enfants et petits-enfants. Ses principaux résultats concrets viendront de la recherche technologique et de la coopération internationale dans un climat de confiance et de paix entre nations, moyennant l’affectation de dotations financières à la hauteur de l’enjeu et l’évolution vers une vie plus sobre. C’est la vision exprimée par Laudato Si !, qu’il faut concevoir dans un horizon de temps raisonnable et en faisant un sort particulier au gaz. .
Hervé L’Huillier