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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 
 
 

Résultats du 2ème trimestre

Le nombre de réponses au baromètre est de 14 dont 12 comportent des commentaires. Un événement domine : l’appartenance à l’Église catholique chute de 43 à 25% entre 2008 et 2020 en France.

 

En classant les événements par ordre de poids donné par les capteurs, nous avons :

 

1- L’appartenance à l’église catholique chute de 43 à 25 % entre 2008 et 2020 en France : Cité 11 fois avec un poids de 28, et avec une appréciation unanimement négative en réalité et aussi en conséquences (-1,64).

 

Un commentaire précise que l’enquête INSEE 2020 donne 29% d’appartenance catholique dont 8% fréquentent un lieu de culte et 15% font une prière quotidienne. Un autre que cette étude porte sur les 18-49 ans. Seules 6% des personnes se déclarant d’affiliation catholique citent la religion comme dimension constitutive de leur identité.

 

Les commentaires sont négatifs : pour un commentateur, « la chute du catholicisme est préoccupante », elle laisse « un grand vide comblé par des sectes » et montre « l’étouffement de la transcendance ». « Dans une France déchristianisée (et l’origine de ce phénomène n’est pas d’hier), de tels évènements surprennent les media. Ils doivent aussi interroger sur la « balkanisation » de l’Eglise en France, faite de sensibilités et de courants de pensée qui mettent aujourd’hui à mal une uniformité de façade. Devenue minoritaires dans le pays, les catholiques se dirigeraient ils vers des postures de repli, ou s’agirait-il d’une ouverture à cette diversité tant prônée par ailleurs ? ». Pour un autre, « nous sommes dans l’ère post-chrétienne et nous ne devons pas le vivre comme un repli mais dans l’Esprit de la Pentecôte, dans l’engagement, le témoignage ».

 

« L’Eglise, en France, paie son silence et son repli sur soi depuis 50 ans. Elle s’est fermée au monde et de vieille nation catholique la France n’a plus qu’une minorité de pratiquants. Elle n’est plus visible. Les jeunes générations ont « appris » à vivre sans elle qui n’apporte plus le message qui la mettait jusqu’alors au cœur de la société. Quand on pense qu’elle a porté tout une grande partie de la doctrine sociale au 19ème siècle, quel recul ! Elle est inaudible sur les grandes questions contemporaines depuis les débats sur l’avortement, le mariage pour tous et aujourd’hui sur l’euthanasie jusqu’aux questions de nouvelles formes du travail voire de la mondialisation qui modifie radicalement les rapports entre les Etats et la place des individus… S’étant placée hors du monde, il faut qu’elle y revienne comme après la Révolution et jusque dans les années 1950 où elle était redevenue une force vive de la nation notamment avec ses missions, ses penseurs et ses œuvres sociales. Il manque celui qui rappellera quel est le génie du christianisme, celui qui permet de donner tant aux hommes ? Souhaitons à l’église du XXIe siècle de trouver son Chateaubriand ! et de redevenir un socle de la société ».

 

2- Le questionnement des jeunes sur le sens du travail : Cité 8 avec un poids de 12 . Cet évènement est jugé presque unanimement de façon positive, en réalité (0,75) et en conséquences ( +0,50) .

 

Les avis divergent. « Cette interrogation des jeunes sur le sens du travail, valeur chrétienne, est inquiétante pour l’avenir de notre pays ». « Ce questionnement a une valeur positive, car on a trop décrié au cours des dernières années le règne d'un capitalisme triomphant, à connotation financière marquée par la recherche de rendements élevés, peu respectueux de la planète et des vies humaines. On a souvent déploré le règne de plans sociaux rejetant du monde du travail des actifs valides et particulièrement de seniors ayant peu de chances de retrouver un emploi. Dans ce contexte, le questionnement des jeunes est non seulement pas surprenant mais espérons-le salutaire, pour rendre le monde du travail plus humain ». Mais, pour un autre, cette recherche n’est-elle pas aussi « un substitut à un manque « d’ossature personnelle » obligeant à rechercher dans le travail ce qui est insuffisant dans la personnalité ? ».

 

Un commentateur estime que c’est une réaction à la génération des baby-boomers qui a beaucoup sacrifié au travail espérant en récupérer les fruits à la retraite or « c’est exactement le contraire qui arrive et qui plus est dans le contexte d’une société que se délite totalement. Beaucoup de travail pour finalement n’en avoir que des fruits amers. Les jeunes générations n’ont pas vraiment envie de continuer à suivre cette voie. Mieux vaut avoir une vie meilleure tout de suite, plutôt que jamais plus tard… S’engager dans la vie sociale plutôt qu’espérer l’abondance ! »

 

Enfin ce questionnement n’est pas seulement celui des jeunes : « Quelle place saurons-nous prendre, nous OCHRES, dans ce nécessaire débat, partant de notre expérience (pour beaucoup déjà ancienne !), des richesses et des manques dont elle a été faite ? »

 

 

3- Sous l’égide de la Chine se constitue dans le monde un front anti-occidental : : cité 5 fois avec un poids de 12 et une appréciation négative en réalité (-1,40) et en conséquences (-1,80).

Pour un commentateur, la Chine rangée dans la catégorie des pays en voie de développement il y a encore quelques années est sur le point de devenir la première puissance économique mondiale et, par son rôle diplomatique notamment en Afrique, un leader mondial avec comme principal adversaire  les États-Unis, chef de file de l’Occident. La Chine est donc perçue comme un pays menaçant l'ordre mondial, la préoccupation forte venant que ce pays ne semble pas prêt de condamner des pays totalitaires, ni d’être inspiré de valeurs démocratiques, occidentales et chrétiennes. Cela doit interroger vivement sur le devenir du monde et de sa gouvernance ». « On assiste effectivement, comme une sorte de tectonique des plaques, au début de ce qui semble être une réorganisation de l’ordre mondial avec deux pôles autour desquels graviteraient les pays européens et certains des anciens BRICS ».

 

Toutefois, un commentateur estime que « la Russie et divers pays dits « du tiers-monde » participent à ce mouvement qui tend à créer une alternative à l’ancien monde : Occident (USA et Europe) et principalement pays communistes ou post-communistes. A cet égard, les évènements d’Ukraine, les conséquences des sanctions vis-à-vis de la Russie, l’évolution des mœurs… ont entraîné des pays traditionnellement proches du bloc occidental à s’en éloigner (cf. des pays du Golfe). Et certains pays intéressés reprennent à leur compte certaines valeurs habituelles du monde chrétien (en matière de mœurs par exemple) tout en restant structurellement contraires à d’autres (droits de l’homme). »

 

Pour un autre, « ce nouveau partage du monde est néfaste aux valeurs chrétiennes d’abord par le fait même de la constitution d’une fracture dans l’humanité ; ensuite parce qu’il se fait avec des pays qui ont choisi des dirigeants autocrates dont l’intérêt pour le dialogue est modéré. Mais, s’il pouvait amener l’Occident à « purifier » les repères qu’ils ont en commun, alors il y aurait un effet positif. »

 

 

4- La France quatrième rang mondial de l’aide au développement : cité 3 fois avec un poids de 7 et une appréciation nettement positive en réalités et en conséquences (+1,67)

 

Deux commentaires, très positifs, au regard des valeurs chrétiennes (santé, éducation, gouvernance) : « La France augmente son budget, elle tient sa promesse d’engager 0,55% de son RNB, son aide est dirigée vers des pays pauvres (africains en majorité), et elle consiste pour les deux tiers en dons et le reste en prêts à taux avantageux « équivalents-dons ». Globalement c’est très encourageant. De plus certains des bénéficiaires ne sont plus des pays amis (Niger, Mali, Burkina, …) ». Et « la France agit particulièrement en direction de l’Afrique ce qui peut avoir pour conséquences le développement des activités locales et une plus grande scolarisation des jeunes africaines, deux axes qui peuvent à la fois réduire le problème d’inflation démographique et diminuer le nombre de migrants ».

 

 

5- Montée des protectionnisme et retour des frontières Retenu par 3 capteurs, avec un poids de 7 ; les jugements sont négatifs (-1,00 en réalités et -0.33 en conséquences).

 

Les commentaires dénoncent cette évolution. « Le monde se ferme ; les égoïsmes nationaux l’emportent, la solidarité recule ». « Cette dérive me semble témoigner à la fois de la volonté de puissance affichée par un nombre toujours croissant de pays et de l’abandon progressif du rêve d’un monde ouvert et fraternel auquel nous, chrétiens, devrions être attachés ». « C’est l’aboutissement du réalisme en politique dont le but est d’assurer le bien commun aux populations. Il faut des cadres précis pour pouvoir élaborer des politiques qui ont du sens or celui-ci ne se conçoit pas dans l’universel et la dilution. Du concret, du concret ! C’est ainsi que les besoins de la société pourront être satisfaits. Maintenant savoir si cela aura vraiment des conséquences, encore faut-il attendre que ces politiques aient le remps de se développer… »

 

 

6- Le rejet des migrations augmente dans des pays qui en ont besoin pour leur économie : cité 4 fois avec un poids de 6. Le jugement est négatif : (-1,25)

 

Les commentaires sont également négatifs : « La peur de l’autre est telle que le discernement et le bon sens disparaissent ». « Un signe de la décivilisation ». Pour un commentateur, le problème des migrations n’est pas seulement économique, il est avant tout du domaine de l’éthique. Pour un autre, il s’agit surtout du rejet de certaines formes de migration : « L’idée de migration choisie, comme cela se pratique par exemple au Canada…est un élément à noter… Si le chrétien ne peut rester indifférent au sort des migrants économiques (le cas des migrants demandeurs d’asile pour motif politique établi étant, lui, généralement mieux accepté par la tradition d’accueil du pays), il doit aussi avoir en mémoire la perte de « cerveaux » ( médecins, ingénieurs…) des pays sub-sahariens qui se voient privés de la compétence de générations jeunes, au préjudice de leurs ressortissants ».

 

 

7- Le traitement du dossier des retraites laisse une profonde déception dans l’opinion : Cet évènement a été cité 4 fois avec un poids de 5. Les appréciations sont également négatives, en réalité(-1,50)  et en conséquences (-1,25).

 

Pour un commentateur, cette déception est « désespérante : l’opinion ne veut pas voir que notre système de retraite va, démographiquement, à la catastrophe et veut travailler le moins longtemps possible, les responsables politiques et syndicaux, qui eux savent très bien que le report de l’âge de la retraite, comme dans toute l’Europe, est une nécessité absolue, ont un comportement scandaleux ». S’il estime que le dossier a peut-être été insuffisamment expliqué et justifié par le gouvernement, un autre partage ce point de vue : « Monsieur Berger … a eu un rôle néfaste en déclarant d’emblée qu’aller en direction des 65 ans était selon lui le franchissement d’une ligne rouge ». Enfin, un autre relève deux points inquiétants : « le premier est la différence d’appréciation des questions entre les décideurs et le public, y compris les bénéficiaires : alors que ceux-là jugent en fonction des réalités, souvent traduites par des chiffres et susceptibles de faire consensus parce qu’ils sont peu discutables, ceux-ci font davantage crédit à une appréciation « ressentie », parfois construite par le système médiatique, et amalgamant toutes sortes d’intuitions... Il y a donc incompréhension. Mais l’autre conséquence est bien plus négative, c’est la fabrique d’une hostilité entre les gouvernants et la Nation : le 49-3 a été vu comme au mieux une trahison, au pire une machine à disperser les oppositions comme un canon à eau dans les rues. Il en découle une fracture profonde, et les violences contre les élus en sont une des conséquences ».

 

8- Les menaces et les violences contre les élus se multiplient en France : Cité 3 fois avec un poids de 5 et une appréciation nettement négative  (-2,00 en réalité et en conséquence).

 

« Les radicaux des idéologies minoritaires (écologisme, wokisme, islamisme) s’imposent par la force » constate un commentateur. Pour un autre, « Même si nos élus ne sont pas tous parfaits, ce sont bien souvent et surtout dans des communes de tailles moyennes à modestes, des personnes dévouées, avec peu de reconnaissance alors qu’ils jouent un rôle important de proximité et d'aide auprès de leurs administrés. Ne faut-il pas voir en cela une nouvelle manifestation du climat d'intransigeance et de fermeture radicale à l’opinion d’autrui ? C’est préoccupant pour la préservation d'un esprit démocratique ». Un commentateur voit un enchaînement : « perte du message évangélique, perte du sacré, perte du sens, perte du respect aux personnes. Tout ce qui est vertical devient suspect ».

 

9- La montée des addictions, des trafics et des violences : a été cité 2 fois avec un poids de 4 ; jugé comme négatif en réalité et en conséquence (-1,50).

 

Un seul commentaire : c’est un signe de la « décivilisation ».

 

10- 16 % des Français déclarent ne pas manger à leur faim : Cité 2 fois avec un poids de 4 et une appréciation négative en réalité et en conséquence (-2,00).

 

Un seul commentaire. Il précise que selon cette étude du Credoc, ce taux était de 12% cinq mois avant (inflation). Il atteint 24% chez les moins de 40 ans.

 

Un événement a été ajouté : les 3 enfants survivants d’un accident d’avion en Bolivie. « 40 jours pendant lesquels ces enfants ont trouvé la force de l’espoir, la volonté de s’en sortir, l’amour entre frères et sœurs, pour vaincre une situation extrême. L’humanité admire ces « tout-petits ».

 

C. Robert - F. Malrieu

 

 

 
Dernière modification : 25/06/2023