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Observatoire Chrétien de l'Entreprise et de la Société

L'OCHRES exerce une mission d'observation des problèmes économiques et sociaux, particulièrement de ceux qui relèvent des interactions entre l'entreprise et la société.

 
 
 
 
 
 

Former aux emplois de demain Education et Formation L’entrepreneur de PME face à l’embauche des jeunes

(INTERVENTION DE D. de CALAN - Réunion des capteurs le 9 avril 2016)

 

Alors que le chômage des jeunes est très élevé, de nombreux emplois ne sont pas pourvus. L’apprentissage est-il le remède à cette situation ? Si l’on compare avec l’Allemagne, il y a  en France trois fois plus de chômeurs parmi les jeunes (25% contre 7% des actifs de moins de 25 ans), trois fois moins d’apprentis (600 000 contre 1,6 million), pour des dépenses d’apprentissage identiques. Quelles mesures proposer pour en finir avec cette exception française ? Sont exclus du sujet le décrochage scolaire et la formation continue. Pour en débattre, trois intervenants : Dominique de Calan, Yves Malier et Xavier Bouthillon.

 

Cinq principaux obstacles à la formation d’apprentis

 

Dominique de Calan est ancien directeur général adjoint de l’UIMM chargé de la formation. A ce titre, il a préconisé la création des centres de formation des apprentis de l’industrie (CFAI) mais aussi des Instituts des techniques d’ingénieur de l’industrie (ITII) pour la formation des ingénieurs par l’apprentissage ainsi que l’introduction de l’apprentissage pour les écoles de commerce (en 1993 à l’ESSEC).

Pourquoi l’apprentissage marche-t-il mal en France ?

 

1-L’apprentissage a été introduit en 1987 comme autre voie de formation des CAP et étendu à  tous les diplômes professionnels ; il existe aujourd’hui 120 CFAI pour l’obtention de diplômes allant du CAP au BTS. Mais cette filière est dévalorisée, elle reste trop considérée comme une sous-voie de formation pour récupérer les exclus du système scolaire, une voie de garage. On valorise trop en France les filières déductives et la théorie par rapport aux filières inductives et à la pratique. On se méfie des filières dont on ne voudrait pas pour ses enfants.

Dominique de Calan est au contraire fier de la réussite de ses quatre enfants, deux issus de filières manuelles et deux de filières intellectuelles.

L’apprentissage n’est pas un, il fallait y introduire de la diversité en commençant par le haut (Ecoles d’ingénieurs et de commerce) pour en faire une filière d’excellence. En témoignent aujourd’hui les écoles de cuisine du chef Thierry Marx.

 

2-On devient apprenti par défaut, sur un échec, le refus de passage en 2de en fin de 3ème.  Pour les parents, c’est ressenti comme une faillite, et les LEP étant souvent situés en périphérie des villes, pour l’élève comme une exclusion. Il faut une vraie orientation en fin de 3ème  pour que l’apprentissage résulte d’un choix. Beaucoup d’élèves s’engouffrent dans les filières littéraires qui ne devraient être choisies que par ceux qui souhaitent vraiment faire de l’enseignement. 

 

3-Le droit du travail Kafkaien qui s’applique à l’apprenti considéré comme un salarié ne favorise pas l’apprentissage. Le temps de travail est différent avant et après 18 ans. Les règles de sécurité sont telles qu’un apprenti couvreur n’a pas le droit de monter sur un toit ou un apprenti électricien de toucher un tableau électrique. La charge financière d’un apprenti est plus élevée que celle d’un salarié débutant. Il gagnera moins après son apprentissage. Un exemple : dans les Landes des apprentis dans la filière bois ont été renvoyés au profit de travailleurs d’Europe de l’Est. Le licenciement est quasiment impossible.

 

4-Il faudrait établir plus de passerelles entre l’apprentissage et les études (exemples : le bac professionnel en 3 ans à Yssingeaux ou l’école d’apprentissage pour ingénieurs de Soissons).

 

5-La taxe d’apprentissage va assez peu aux CFAI, les 2/3 vont aux lycées professionnels, ou aux grandes écoles d’où sortent les dirigeants d’entreprises. Or les CFAI ont de lourdes dépenses lorsqu’il s’agit de métiers comme la bijouterie, la poissonnerie, la menuiserie…

Leur financement est régional et à cet égard la réforme régionale devrait plutôt améliorer les choses, encore que les régions aient tendance à arbitrer en faveur des lycées professionnels plutôt que des CFA. D’où la nécessité d’une péréquation.    

 

B. Cabaret demande comment on choisit les métiers enseignés dans les CFAI. La révision des besoins est régulière, répond D. de Calan. On sait à peu près les prévoir à moyen terme, il  existe des observatoires des métiers pour cela. C. Seibel évoque le rapport sur les métiers en 2022 élaboré en 2015 par la Dares et France Stratégie. La difficulté est que les PME-PMI n’ont pas voix au chapitre. Mais tout ne peut pas être enseigné partout, certaines activités sont déclinantes, d’où la nécessite de favoriser la mobilité par des internats et des foyers pour les jeunes.

 

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